Burn-out étudiant : comment le reconnaitre, le dépasser et le prévenir ?

Vous connaissez très probablement le burn-out au travail, mais avez-vous déjà entendu parler de burn-out étudiant ? Les trois-quarts des étudiants se déclarent fatigués et la moitié d’entre eux nerveux. En effet, cumuler vie sociale, vie scolaire et souvent vie professionnelle peut rapidement mener à l’épuisement. Comment appréhender et traiter le burn-out chez l’étudiant ? Coralie LOUP, psychologue chez Hand’IGS, et Pascale CARBONNE, assistante sociale, partagent leur expertise sur ce sujet délicat. 

Actualité burn-out étudiant

Le burn-out étudiant, c’est quoi ?

Aujourd’hui, le « burn-out » est un terme malheureusement devenu courant. Apparu dans les années 70, il est défini comme « un épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d'un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ».

« Le burn-out est beaucoup associé au monde professionnel, mais il peut être aussi familial, sportif… et toucher globalement n’importe quel domaine » explique Pascale Carbonne. « Des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel », nous pouvons aussi en vivre en études. Tout étudiant a des obligations scolaires, financières et sociales. « Nous faisons face à des jeunes qui sont totalement épuisés, surtout par la partie scolaire qui va avoir un retentissement sur toutes les sphères de vie. C’est notamment le cas pour nos jeunes qui sont en alternance » développe Coralie Loup.

Aux études et au travail, s’ajoute la vie sociale, très importante à cette période de la vie, et parfois la vie amoureuse. Ce rythme, déjà intensif, devient encore plus difficile à suivre en période d’examens et l’équilibre est de plus en plus précaire. Les heures de sommeils se voient réduites, l’alimentation négligée et l’hygiène de vie en pâtit, l’épuisement peut alors arriver très vite et avec lui la baisse de la productivité. S’ensuit alors un cercle vicieux où l’étudiant insatisfait travaille de plus en plus fort pour combler cette perte, ses performances baissent encore plus et les échecs deviennent rapidement insupportables. Dès lors le burn-out survient, « c’est un moment où la personne est complètement épuisée et dans l’incapacité de faire face à sa vie quotidienne ». Il peut se manifester par :

  • Une crise profonde existentielle ou identitaire ;
  • Une perte de sens liée à sa vie, à ses choix ;
  • Un sentiment de décalage entre ses attentes et la réalité ;
  • Un sentiment de perte de contrôle ;
  • Une vision négative de ses études, de lui-même et de la vie en général ;
  • Un épuisement général, mental, physique, psychique ;
  • Un repli sur soi.

Selon Pascale Carbonne, « Il y a beaucoup de crises d’angoisse, ça peut aller jusqu’aux crises de panique. C’est une remise en question totale au niveau de la personne, dans ce qu’elle est. Pour se protéger le cerveau se met en off et la personne subit cet état de fait, elle n’a plus la force de lutter contre ses émotions négatives et de pouvoir prendre de la hauteur ».

Comment repérer les symptômes ?

Il est facile de diagnostiquer un burn-out à une personne qui est dans un état de fatigue tellement avancé qu’elle est complètement vidée de toute énergie et ne peut plus bouger. Mais avant d’arriver à ce stade, il y a de nombreux autres signes d’épuisement et de détresse qui s’installent graduellement. En ignorant ces avertissements, vous prenez le risque de transformer ces signaux en un état général d’abattement.

« Les trois critères que je regarde systématiquement, c’est si la personne dort, si elle mange et si elle arrive en cours avec un mal de ventre » explique Pascale Carbonne, mais globalement, il existe plusieurs types de symptômes. Selon Coralie Loup, « on va différentier les symptômes physiques, comportementaux, cognitifs et émotionnels. C’est propre à chaque individu, mais c’est le changement qui doit mettre la puce à l’oreille, le changement soudain ».

Les symptômes physiques

  • La fatigue : l’impression d’être « au bout du rouleau », de lentement perdre votre capacité et votre motivation à faire les choses, des plus compliquées aux plus basiques.
  • Le sommeil perturbé : vous rencontrez des difficultés à vous endormir, vous avez de plus en plus de mal à vous coucher et commencez à somnoler très régulièrement.
  • Une somatisation : vous commencez à avoir des maux de tête, des troubles gastriques, des douleurs aux membres ou aux articulations et avez tendance à beaucoup plus tomber malade.

Les symptômes comportementaux

  • Des troubles de l’appétit : vous mangez beaucoup plus ou alors beaucoup moins. Vous délaissez globalement la notion d’une bonne alimentation.
  • Des changements de comportement social : il s’agit souvent d’un repli sur soi, mais ça peut être aussi l’inverse, une personne qui sort absolument tout le temps imposant à son corps un rythme acharné.

Les symptômes cognitifs

  • Difficultés à réfléchir et à retenir ;
  • Forte déconcentration.

Les symptômes émotionnels

  • Vous êtes constamment angoissé et envahi de pensées négatives ;
  • Vous doutez beaucoup, surtout de vous-même, votre estime de vous en prend un coup ;
  • Vos émotions deviennent très instables, vous êtes irritable et pouvez passer de la joie à la tristesse très rapidement, ce qui ébranle vos relations avec votre entourage.

« On confond beaucoup épuisement professionnel et burn-out, l’épuisement professionnel c’est la marche avant le burn-out ». Si vous constatez certains de ces symptômes, il faut réagir rapidement et consulter un médecin. Ce dernier peut vous faire répondre à un questionnaire afin d’évaluer vos symptômes.

Comment l’éviter ?

« Il y a souvent des profils de jeunes éligibles au burn-out : des personnes extrêmement perfectionnistes, très investies dans leur travail, qui ne prennent pas soin d’eux mais toujours soin des autres. Elles ont une conscience professionnelle très développée qui fait qu’elles ne savent pas s’arrêter, car si elles s’arrêtent le boulot n’est pas fait. Elles masquent tous les signaux et continuent jusqu’à ce que leur corps lâche » développe Pascale Carbonne.

La mise en place de mesures de précautions aide à éloigner le risque de burn-out, surtout dans des périodes compliquées comme celle des examens.

Ayez une bonne hygiène de vie

Pour Coralie Loup « L’hygiène de vie est très importante. Il faut faire attention à son temps de sommeil, à son appétit et à garder des loisirs qui font du bien. C’est pareil, c’est propre à chacun, certaines personnes vont recharger leurs batteries en sortant, d’autres au contraire en restant tranquillement à la maison, d’autres en pratiquant une activité artistique, d’autres en allant se promener en forêt, c’est très variable ».

Voici quelques conseils pour vous aider :

  • Prévoyez au moins 1 heure avant l’heure à laquelle vous désirez dormir durant laquelle vous ne regardez pas les écrans ;
  • Prévoyez au moins 3 heures de digestion entre le dîner et le moment de vous coucher ;
  • Prenez le temps de cuisiner : la cuisine peut avoir un aspect très relaxant et cela vous permettra de manger plus varié et plus équilibré
  • Pratiquez une activité physique régulière pour prendre soin de vous et réguler votre stress ;
  • Essayez de faire des siestes dans la journée (20 minutes maximum). 

Fixez-vous des objectifs réalisables

Répartissez intelligemment votre charge de travail et vos objectifs sur vos journées de révisions. Il peut être tentant d’être ambitieux au début et de prendre des grosses charges de travail dans le but de plus facilement en être débarrassé après. Cependant, garder à l’esprit que votre état évolue au fur à mesure du temps et que vous ne serez pas dans le même état le troisième jour que le premier. Des facteurs comme la fatigue et la baisse de productivité doivent être pris en compte dans votre organisation. Il faut penser à faire des choix en considérant vos besoins physiques et émotifs et parfois savoir vous dire non à vous-même pour votre propre bien.

Apprenez à gérer votre stress 

Le stress joue beaucoup sur le burn-out étudiant : c’est lui qui pousse beaucoup d’étudiants à aller au bout de leurs capacités au mépris de leur santé. Ils se mettent une pression énorme en continue. « Il faut relativiser les choses, abaisser le seuil de pression, on ne leur demande pas d’être à 100 % ou à 200 %, 80 % c’est déjà très bien » explique Pascale Carbonne.

« La gestion du stress, c’est très bien en termes de prévention, c’est important d’apprendre à prendre soin de soi, parce que les personnes qui font des burn-out étudiants ne se gardent généralement pas de temps pour eux et ça les oblige à en prendre et à faire attention aux signaux faibles d’épuisement ». 

Coralie Loup et son équipe proposent aux étudiants du Groupe un atelier de gestion du stress en format visio qui a lieu tous les 2 mois. « Outils de méditations, sophrologies, visualisation positive, ce sont des exercices que nous utilisons dans notre atelier gestion du stress. Les jeunes vont parler de leur situation, témoigner, apporter leurs propres ressources, on va définir ce qu’est le stress et comment le gérer ». N’hésitez à vous approcher de votre responsable de formation pour vous renseigner dessus et vous y inscrire. « Cet atelier peut avoir sa place dans la prévention du burn-out étudiant, mais s’il est vraiment installé, il faut faire appel à des professionnels ».

Que faire quand il est là ?

« C’est une descente aux enfers et pour s’en relever c’est très dur. Il y a beaucoup de travail à fournir pour retrouver cette confiance en soi, d’où le besoin d’un accompagnement externe pour vous aider à trouver les ressources pour vous reconstruire et affronter le monde à nouveau ».

« L’idée c’est de ne pas rester seul, d’en parler autour de soi. » Un burn-out ça ne s’affronte pas tout seul. Si vous constatez des symptômes vus plus hauts, parlez-en à vos proches et à votre médecin et chercher ensemble des solutions. Parler de vos difficultés et de vos besoins peut vous permettre de mettre des mots sur ce dont vous souffrez. « Il faut se tourner vers des professionnels qualifiés comme des psychologues ou des psychiatres, ou le médecin généraliste ». Pour cela, plusieurs dispositifs gratuits existent :

  • Santé Psy étudiant : ce dispositif vous permet de consulter un psychologue gratuitement, parmi une liste de thérapeutes.
  • Mon Parcours Psy : ce dispositif vous permet de vous faire rembourser 8 séances d'accompagnement psychologique par an.
  • La ligne d’écoute Cnaé : vous pourrez être mis en contact gratuitement avec des professionnels psychologues, travailleurs sociaux, qui vous écouteront, vous répondront et vous orienteront vers les ressources adéquates.
  • Nightline France : cette ligne d’écoute nocturne est ouverte à tous les étudiants de 20 h 30 à 2 h 30, vous pouvez passer un coup de téléphone ou écrire sur le tchat pour vous confier à des étudiants bénévoles gratuitement.

En tant qu’étudiant du Groupe IGS, vous pouvez également contacter :

Elles sauront vous écouter et vous réorienter si besoin vers les professionnels appropriés.

 

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