Comment associer études et TDAH ?

Il concerne 5,9 % des moins de 18 ans et 2,8 % des adultes. Aujourd’hui, on entend beaucoup parler du trouble de déficit de l'attention, avec ou sans hyperactivité (TDAH) et de la manière dont il peut impacter la vie quotidienne de ceux qui en sont atteints. Qu’en est-il des études ? Quelles difficultés peut-il poser en cours et comment y faire face ? Nous avons interrogé Lucas, un apprenant de l’American Business School of Paris atteint de TDAH, sur son expérience.                               

Actualité études et TDAH

Le TDAH, c’est quoi ?

Bien souvent, dans l’esprit collectif, le TDAH est réduit à une simple baisse de concentration, or c’est beaucoup plus complexe. Il s’agit d’un trouble du neurodéveloppement caractérisé par l’association de plusieurs signes : 

  • Déficit de l’attention : incapacité à maintenir son attention, à terminer une tâche, oublis fréquents, tendance à décrocher lors des conversations.
  • Hyperactivité physique : agitation incessante, problème pour rester en place.
  • Hyperactivité mentale : pensées incessantes, monologue intérieur continu, difficulté à s’endormir.
  • Dérégulation émotionnelle : difficulté à contrôler des émotions comme la colère ou la tristesse, impression de ressentir des émotions plus fortes que les autres.
  • Impulsivité : complication pour apprendre, tendance à interrompre les activités ou les discussions des autres, dépenses impulsives d’argent à l'occasion.
  • Sensibilisation sensorielle : sensibilité à la lumière, aux sons, aux odeurs, aux goûts ou aux textures.
  • Étourderie : oublis de rendez-vous et de réunions, pertes d’affaires de temps en temps.

Bien sûr, être atteint de TDAH ne veut pas forcément dire posséder les six critères, l’intensité et les signes varient selon chaque personne. Il est plus répandu chez les garçons, mais est aussi plus difficilement visible chez les filles. En effet, elles sont moins souvent hyperactives, ce qui complexifie sa détection.

Quelles sont les manifestations du TDAH ?

Dans la vie quotidienne

Il existe plusieurs formes de TDAH avec des manifestations différentes :

  • Le TDAH sans hyperactivité où prévaut l’inattention ;
  • Le TDAH avec hyperactivité où priment l’hyperactivité et l’impulsivité.

Les manifestations apparaissent généralement avant 12 ans et sont très disparates. Les changements au niveau de l’attitude peuvent ainsi être assez brutaux et perturber fortement l’enfant et son entourage. Dans le cas de Lucas « ça s’est manifesté quand j’étais en CP. Ce n’est pas moi qui ai réalisé que je l’avais, j’étais trop petit pour ça. Ma mère a vu que j’étais très agité, pas concentré en classe, je faisais le pitre, je partais, je revenais… »

Une fois que le changement de comportement repéré, il est conseillé de consulter votre médecin traitant, et cela peu importe votre âge ou le niveau de manifestations. Seule une personne habilitée dans le domaine de la santé pourra poser un diagnostic, il existe notamment des spécialistes de ce genre de troubles (pédiatre, neurologue, psychiatre pour enfant, neuropsychologue…). Le professionnel pourra ainsi évaluer la sévérité de votre TDAH et proposer des solutions adaptées. « Un médecin m’a diagnostiqué le TDAH quand j’avais 12 ans et j’ai commencé les médications à l’âge de 14 ans. » Si vous avez un doute, mais que vous ne vous sentez pas assez sûr pour consulter, il existe de nombreux tests gratuits bien construits qui pourront vous aider à vous décider tels que celui-ci.

Dans le cadre des études

Près d’un jeune sur deux présente encore des troubles lorsqu’il devient adulte et souffre de manifestations du TDAH au quotidien, notamment dans le cadre des études. En effet, rester immobile sur une chaise à écouter un cours pendant des heures constitue un véritable défi pour les personnes atteintes, qui ont un excès d’énergie à dépenser et sont souvent très sensibles aux distractions sensorielles. De même, gérer les révisions, les interrogations et tout ce qu’implique la vie scolaire s’avère beaucoup plus délicat pour ces personnes. L’étourderie et le déficit de l’attention peuvent poser un problème quand il s’agit de planifier, de mémoriser ou encore de gérer le temps, ce qui génère rapidement des lacunes dans l'apprentissage et la compréhension. « Pour donner un exemple simple, imaginons que je dois travailler sur l’ordinateur, à un moment je pense "Qu’est qu’il y a à la télé ce soir", puis "Pourquoi j’ai posé cet objet ici, ce serait mieux là", puis "À quelle heure mes amis passent me prendre déjà ?", des pensées m’envahissent en permanence et je suis incapable de me concentrer sur mon travail. » développe Lucas.

L’impulsivité peut aussi inciter à prendre des décisions hâtives sans considérer pleinement les conséquences, comme ne pas faire ses devoirs, sécher les cours ou répondre de manière inappropriée. « Ça peut-être des mots qui sortent ou des décisions prises impulsivement qui vont nous affecter négativement, moi et mon entourage. »

En bref, le TDAH n’est pas le meilleur allié des études, loin de là, et cela peut générer beaucoup de frustration. « Ce n’est pas que je ne veux pas, c’est que je n’arrive pas, c’est différent. J’essaye et je n’y arrive pas. » Heureusement, il existe des astuces et des conseils pour apprendre à le gérer.

Comment bien étudier avec un TDAH ?

Apprenez à vous organiser

Un bon environnement de travail, ça fait gagner énormément de temps et ça permet de limiter les oublis. Pour mieux vous organiser :

  • Développez un système de classement facile et clair : si vous prenez vos notes sur un ordinateur ou une tablette, n’hésitez pas à multiplier les fichiers et les sous-fichiers dès le début de l’année de cours. Si vous prenez vos notes à la main, investissez dans des pochettes cartonnées ou des chemises de couleurs distinctes.
  • Évitez les piles de papiers : dès que ça s’accumule, ce n’est jamais bon. Réservez-vous systématiquement cinq minutes tous les soirs pour reclasser ce qui doit l’être.
  • Tenez un agenda précis : n’hésitez pas à détailler les informations et à vous faire des notes à vous-même, même si sur le moment cela vous parait évident.

Gérez votre temps et les oublis

Arriver en retard, oublier un rendez-vous ou la date de remise d’un travail sont des comportements typiques du TDAH. Voici quelques conseils afin de mieux gérer au quotidien :

  • Notez toutes vos activités dans votre agenda papier ou électronique avec les horaires précis (cours, examens, rendez-vous, activités de loisir). Déterminez un moment précis pour le consulter chaque jour.
  • Utilisez différents codes de couleurs selon le type d’activité.
  • Faites une tâche à la fois.
  • Ponctuez votre journée d’alarmes sonores.
  • Essayez de toujours ranger vos objets au même endroit quitte à développer des routines.
  • N’hésitez pas à acheter en double certains objets que vous perdez facilement, quand cela est possible.

Maintenez votre attention en classe

Même si vous développez une assez bonne organisation et gestion de votre temps pour assurer votre assiduité en classe…Encore faut-il être présent mentalement. Or, écouter un cours pendant des heures peut-être très difficile, surtout si vous êtes atteint de TDAH.

  • Asseyez-vous à l’avant de la classe, les bavardages et distractions ont souvent lieu à l’arrière. Prenez des notes en classe ou annoter vos notes de cours, vous pouvez aussi griffonner dans un coin de la feuille si nécessaire. L’idéal c’est d’occuper vos mains pour focaliser votre écoute sur ce qu’explique le professeur. Pour Lucas, « si je veux me concentrer, je dois souvent bouger ou manipuler quelque chose. Ça peut aussi passer par le changement de position, j’ai besoin d’être à l’aise ».
  • Si possible, enregistrez vos cours pour compléter votre prise de notes. N’hésitez pas à vous repasser les cours quand vous avez du temps dans des cadres moins formels. Certaines personnes apprennent beaucoup plus facilement en écoutant plusieurs fois.
  • N’hésitez pas à poser des questions en classe pour maintenir votre attention.

Un autre aménagement possible peut être de requérir la présence d’une personne habilitée. « J’ai été accompagné par une shadow teacher, une personne qui reste à côté de toi en cours pour que tu te concentres sur les tâches que tu as à faire en classe » explique Lucas.

Optimisez vos périodes de révision

Durant les périodes de révisions aussi, une organisation supplémentaire doit être mise en place pour rendre les périodes de travail plus efficaces :

  • Fixez-vous des objectifs précis avant de commencer votre période de révision.
  • Choisissez un lieu de travail adapté. Généralement le plus calme possible avec peu de distractions potentielles. Si vous n’arrivez pas à vous concentrer par vous-même, vous pouvez le faire à côté d’un ami qui n’éprouve pas de difficultés à le faire, pour minimiser le risque d’inattention.
  • Utiliser des écouteurs ou des bruits neutres pour de réduire les autres distractions sonores.
  • Prenez des pauses régulièrement dès que vous sentez que votre niveau de concentration baisse trop.
  • Alternez les tâches qui exigent beaucoup d’attention et celles qui en demandent moins et n’hésitez pas à diviser une tâche complexe en petites tâches si nécessaire.
  • Adopter une attitude active dès qu’il s’agit de lecture : lisez à voix haute, surlignez, indiquez dans la marge les idées principales, cela vous évitera de vous déconcentrer sans cesse.

Dans le cas de Lucas, « j’ai eu souvent recours à des professeurs particuliers ». Chacun trouve ses propres techniques pour contourner les manifestations du TDAH, mais bien souvent l’intérêt est la clé de tout. « Dès qu’il s’agit de choses que j’apprécie, c’est comme si le TDAH disparaissait. J’arrive à tout retenir, j’arrive à tout faire bien ». Ainsi, le point de départ pour vivre avec le TDAH peut être de trouver de l’intérêt dans des choses qui a première vue n’en suscitent pas.

Nous sommes engagés depuis toujours pour faire du Groupe IGS un modèle unique d’école ouverte à tous, quelles que soient les singularités de chacun. En 2008, Hand’IGS est née pour permettre aux apprenants ayant des besoins spécifiques, en situation de handicap ou en fragilité psychologique, d’avoir accès à un accompagnement personnalisé. Elle œuvre aussi pour la sensibilisation des formateurs, équipes pédagogiques et managers. N’hésitez pas à vous renseigner ici pour voir à quelles aides vous pourriez avoir accès. 

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