Être hypersensible : quel impact dans le monde du travail ?

Qu’est-ce que l’hypersensibilité ?

Contrairement aux idées perçues, l'hypersensibilité émotionnelle n’est pas une maladie ou un trouble psychique. Elaine N. Aron, une psychologue et chercheuse américaine, la qualifie plutôt de "tempérament" qui agit en conditionnant de nombreux aspects de la vie des personnes affectées.

Les personnes hypersensibles ont un haut potentiel intellectuel ainsi qu’un haut potentiel émotionnel, ainsi l’hypersensibilité peut être définie comme une « intelligence émotionnelle ». Les personnes affectées possèdent une plus grande sensibilité, elles ressentent des émotions puissantes de façon exacerbée et perçoivent un bien plus grand nombre de stimuli que la moyenne (odeurs, sons, lumière…) et autant d’informations à traiter. On parle d’une hypersensibilité sensorielle développée : un flux d’informations incontrôlable difficile à appréhender et à hiérarchiser, qui conduit parfois les personnes hypersensibles à abandonner toute analyse rationnelle de la situation pour se laisser guider par leurs émotions. 

L’hypersensibilité peut ainsi représenter un obstacle d’intégration à l’environnement. Pour beaucoup de personnes atteintes, le monde n’est qu’une série d’angoisses éventuelles qui requiert de gros efforts d'adaptation.

Comment sait-on qu’on est hypersensible ?

L’hypersensibilité relève de l’inné et non de l’acquis : on naît hypersensible. D’un point de vue biologique, les perceptions sensorielles d’une personne hypersensible sont plus développées que la moyenne. Elle capte beaucoup de détails tout en étant capable de voir les choses d’une manière globale. De plus, sur le plan neurologique, certaines zones du cerveau sont davantage actives, comme celle qui génère l’empathie.

Vous pensez être hypersensible mais vous n’en êtes pas sûr ? Si vous possédez les attributs suivants vous avez beaucoup de chances de l’être :

• Vous allez au bout des choses pour les comprendre.
• Vous êtes très empathique et à l’écoute de votre environnement et des autres.
• Vous préférez les activités individuelles car vous vous sentez moins jugé.
• Avant chaque décision vous prenez le temps d’étudier toutes les variables de peur de faire le mauvais choix.
• Vous avez le sens du détail.
• Vous travaillez bien en équipe.
• Vous angoissez souvent.
• Vous pleurez plus fréquemment que la moyenne.
• Vous êtes attentionné envers les autres.
• Vous êtes très sensible aux critiques.

Vous avez toujours un doute ? Vous pouvez faire le célèbre test d’Elaine Aron.

En quoi l’hypersensibilité peut poser un problème au travail ?

L’hypersensibilité n’est pas sans impact sur le travail.

Un malaise social

Être très sensible peut complexifier de façon importante les relations sociales, faute de bien communiquer. En effet, l’hypersensible déteste le conflit, source de pensées négatives, confusion intérieure et angoisse profonde. Par conséquent, il aura tendance à prendre sur lui pour éviter de blesser ou mettre en colère l’autre, ce qui est propice au développement d’une certaine frustration voire de la rancœur.  

D’autant plus qu’il a lui-même plus de difficultés que la moyenne des gens à accepter qu’il peut ne pas être à la hauteur et décevoir les autres. Ainsi, une simple critique peut parfois provoquer une crise de larmes.

Une tendance à angoisser plus facilement

Les hypersensibles sont beaucoup plus rapidement sous tension et subissent une fatigue psychique et physique continue du fait de leurs grandes variations émotionnelles, mais aussi de leur sensibilité accrue à tout ce qui les entoure. Ils peuvent ainsi passer de l’euphorie à la tristesse en une seconde. 

Ainsi, quand on est hypersensible, il peut être parfois difficile d’être confronté à des missions qui supposent de trop nombreux interlocuteurs, celles qui sont risquées, tendues au niveau du temps ou trop supervisées. C’est pourquoi il est important de mettre en place des stratégie pour gérer son temps et minimiser son anxiété.

L’importance de l’environnement de travail

Cette ultra émotivité rend les personnes hypersensibles extrêmement perméables à leur environnement de travail. En effet, le milieu du travail, par sa rationalité et ses codes, peut être particulièrement anxiogène pour elles car il bannit, tacitement, les débordements émotionnels. On promeut le calme et l’impartialité, ce qui va souvent à l’encontre la nature même de l’hypersensibilité.  

Par ailleurs, les environnements de travail divergent énormément d’une entreprise à une autre : si certaines équipes sont bienveillantes et accueillantes, d’autres sont froides et fermées. Une personne hypersensible va être beaucoup plus impactée que la moyenne par le comportement de ses collègues à son égard en positif comme en négatif. 

À cela, s’ajoute la réception constante d’un grand nombre de stimuli : notifications, messages, odeurs, images, SMS, réseaux sociaux, applications… beaucoup d’informations à traiter en continu qui mettent bien souvent à mal le seuil d’attention et de tolérance et entraine le débordement des émotions.

Composer avec son hypersensibilité 

Accepter et composer avec sa sensibilité accrue semble être le meilleur moyen de faire de ce « tempérament » une force. 

Adaptez votre environnement de travail 

La plupart des personnes hypersensibles évoluent mieux dans un environnement calme ou ils peuvent s’isoler si nécessaire. Ainsi il vaut mieux privilégier le bureau fermé à l’open-space.

Par ailleurs, n’hésitez pas à questionner votre interlocuteur sur l’ambiance de travail dans le cadre d’un entretien d’embauche et soyez très attentif aux signes. Vous avez besoin d’un environnement professionnel bienveillant, amical, solidaire, gouverné par l’entraide et le plus éloigné possible des conflits et des commérages. De même vous aurez du mal à vous épanouir si vous n’êtes pas aligné sur l’ADN de l’entreprise dans laquelle vous travaillez. Ainsi on retrouve souvent des personnes hypersensibles dans des métiers de service ou des secteurs qui portent des valeurs humanistes. 

Par ailleurs, si vos relations avec votre manager et vos collègues sont bonnes, n’hésitez pas à parler de votre hypersensibilité autour de vous. 

Soyez conscient de vos qualités 

Être hypersensible ne comporte pas que des faiblesses, loin de là. Vous possédez de nombreuses forces dont vous devez prendre conscience pour avancer au mieux. 

Les hypersensibles sont souvent très clairvoyants. Ils sont dotés d’une extrême empathie envers les autres qui les aident à créer des rapports positifs et apaisés. De plus, ils adorent généralement apprendre et n’hésitent pas à se remettre en question pour sans cesse s’améliorer. 

Apprenez à gérer vos émotions 

Vos émotions sont peut-être plus importantes que la normale, mais elles ne sont pas pour autant ingérables. Plusieurs clés de développement personnel peuvent vous aider à contrôler votre emballement émotionnel :

•  La veille d’un jour de travail, prenez un temps pour vous relaxer au calme (douche, méditation, lecture…) avant de vous coucher. 
• Si un incident survient, isolez-vous prendre de la hauteur et essayez de considérer les choses le plus objectivement possible. 
• N’hésitez pas à exprimer vos besoins et vos ressentis.
• Apprenez à différencier les choses sur lesquelles vous pouvez agir ou non pour limiter votre frustration.
• Acceptez de dire non quand c’est nécessaire. 
• Lâchez prise, évitez de vous focaliser uniquement sur le négatif, cherchez systématiquement quelques points positifs dans n’importe quelle situation. 
• Faites des pauses régulièrement pour vous libérer des tensions et vous ressourcer.

Ainsi, votre relation au travail en tant qu’hypersensible ne sera pas une source d’angoisse, mais quelque chose de positif qui vous aide dans la gestion de vos émotions et votre ouverture au monde.