Emploi : pourquoi les Français démissionnent-ils ?

 Avec près de 520 000 démissions par trimestre, les Français ont été nombreux à faire un geste souvent redouté : poser leur démission. Pour autant, la « Grande Démission » que traverse la France est-elle l’indicateur d’un marché de l’emploi en crise ? Phénomène de fond ou tendance passagère, le Groupe IGS décrypte les raisons qui poussent les Français à claquer la porte. 

salarié faisant ses cartons après sa démission

Le retour des démissions en France 

Après plusieurs années d’un marché de l’emploi tendu, notamment à cause de la crise économique de 2009, les Français ont été très nombreux à démissionner en 2021 et 2022. En effet, selon la Dares, l’institut de statistiques interne du Ministère du Travail, du Plein Emploi et de l’Insertion, on comptabilise près de 520 000 démissions par trimestre, dont 470 000 démissions de CDI. Le pic jusqu’à 2,7% au premier trimestre 2022 représente le taux de démission le plus élevé depuis la fin des années 2000 et même depuis 1993 pour les entreprises de moins de 50 salariés. 

Une bonne nouvelle pour le marché de l’emploi

Indicateur cyclique, le taux de démission est en général bas pendant les crises économiques et plus élevé durant les périodes de croissance. Après plusieurs années de récession, dues notamment à la crise sanitaire du Covid-19, le marché du travail a repris un courbe dynamique, avec plus d’opportunités d’emploi, ce qui incite les Français à quitter leurs fonctions dans l’optique de trouver un poste plus adapté à leurs envies. Un taux de démission haut est donc symptomatique d’un marché de l’emploi en croissance, ce qui est d’ailleurs confirmé par d’autres indicateurs tels que le taux d’emploi, qui est en nette augmentation, toutes tranches d’âge confondues, en 2021 et début 2022. Toutefois, il faut également prendre en considération que de nombreux Français ont pu repousser leur démission pendant la période incertaine du Covid-19 et ont attendu un retour à la normale pour passer à l’acte, ce qui expliquerait en partie la hausse importante des départs en 2021 et 2022. 

Un phénomène de « Grande Démission » ?

Le terme « Grande Démission » - une référence à la célèbre « Grande Dépression », la crise économique traversée par les Etats-Unis puis le monde entier dans les années 1930 – est employé pour décrire une période de forte hausse du taux de démission. Si la France n’est pas aujourd’hui confrontée à la plus haute vague de démissions de son histoire (les taux précédent la crise financière de 2009 ne sont pas encore atteints), le nombre de démissions en 2021 et au premier trimestre 2022 laissent supposer que le marché de l’emploi français s’apprête à traverser une « Grande Démission ».  
Cette tendance n’est pas sans précédent dans le monde, puisque les Etats-Unis ont fait face, dès le début du Covid-19, au « Big Quit », c’est-à-dire plusieurs vagues de démissions au sein de la population active, avec un taux de démission autour de 3% en 2021. 

Démissionner pour mieux travailler ? 

Un retour à l’emploi rapide…

Si les Français sont de plus en plus nombreux à quitter leur emploi, cela ne signifie pas que le taux de chômage augmente, au contraire ! En effet, dans un contexte de forte reprise économique, les offres d’emploi sont nombreuses et certains secteurs font même face à des difficultés de recrutement (notamment le BTP, la restauration et les services à la personne). Pour les travailleurs, cela correspond à une multiplication des possibilités d’emploi qui leur permet une plus grande mobilité. Ainsi, en France, selon la Dares, on constate un retour à l’emploi rapide des démissionnaires. Ils sont environ 8 sur 10 à avoir retrouvé un emploi au second semestre 2021 dans les 6 mois qui suivent leur démission. 

… dans de meilleures conditions de travail

Dans un contexte de tensions de recrutement, les salariés se retrouvent dans une position de force dans certains secteurs pour négocier de meilleurs conditions de travail. Ainsi, si la promesse d’un plus haut salaire reste la première raison d’un changement d’emploi (58%, la crise du Covid-19 a renforcé la quête de sens chez les travailleurs français, puisqu’ils citent en deuxième et troisième position l’épanouissement professionnel (55%) et la liberté d’être soi-même au travail (51%).  
L’impact du Covid-19 et notamment des nouvelles méthodes de management comme le télétravail se ressent également car pour 45% des Français, une plus grande autonomie au travail est l’une des raisons qui les poussent à changer d’emploi. 

Pour 2/3 des Français, un changement de vie passe avant tout par un changement d’emploi. La démission est également une période particulièrement propice pour faire le point sur sa carrière, notamment en réalisant un bilan de compétences ou en suivant une formation professionnelle qui permet une reconversion. Démissionner, c’est fermer une porte pour ouvrir des dizaines d’opportunités !  
 

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